Pourquoi ce projet ?

Le jour de mon arrivée, un petit garçon qui par manque de médicaments n’a pas résisté à une crise d’épilepsie, est mort.

Après quelques jours d’observation, j’ai mis en place avec les moyens du bord des idées afin de donner de la joie et de tirer vers le haut ceux qui peuvent s’en sortir en encourageant le contact et l’expression. Des jeux, des images, des sorties, la danse, la musique, un travail autour des odeurs, du toucher et des sensations. Après quelques semaines, Anjali, petite fille trisomique, savait tenir un crayon et écrire très sommairement. Un autre a découvert la joie des odeurs en se lavant les mains pour la première fois avec un savon que j’avais apporté. Ognidate, sourd muet et aveugle était là attaché à coté d’une jeune fille agitée et violente, il ne faisait que pleurer.

"Je l’ai pris dans mes bras pour le consoler et tenter de l’apaiser avec des caresses et de minuscules mélodies que je lui chantais doucement."

Quelques jours avant mon départ, il s’est mis à entonner des mélodies et à retrouver le sourire. Nous avions établi un contact. Suzantapa, jeune garçon enfermé dans un mutisme profond, s’est révélé être un dieu du foot quand pour la première fois je l’ai emmené sur une aire de jeux avec un ballon que j avais apporté.

À la demande de Ramesh Sherstra, le créateur de la CBR, je suis allée animer pour les sourds et muets un atelier collage avec des papiers de récupération. Aucun des enfants n’avait participé à un atelier artistique auparavant. Grâce à ce travail ils ont découvert un nouveau moyen de communication et de valorisation.

Lorsque je suis partie, Ramesh Sherstra était désolé, il m’a dit que ce que j’avais réussi à faire était incroyable et que personne dans son équipe de bénévoles locaux bien que très dévoués n’était formé pour organiser ce genre d’activité et que vraisemblablement les résultats obtenus disparaitraient car ce que j’avais entamé ne pouvait être poursuivi.

Aujourd’hui la CBR a l’immense mérite de soulager les parents durant la journée de leur enfants handicapés, ce qui leur permet d’avoir des instants de "vie normale" et de souffler un peu. Ramesh Sherstra souhaiterait que cette "garderie" devienne plus une "école". Il m’a dit : revenez former des équipes, nous avons besoin d’aide ! (Albane Courtière)